Comme discuté depuis quelques temps, nous avions projeté, mon pote GG et moi-même, d’aller deux jours aux Saintes Marie de la Mer afin de « nettoyer » un peu la coque de nos bateaux.

Donc, départ vendredi et retour samedi, pour être avec nos épouses le dimanche (ils ne sont pas biens ces marins ?).

Vendredi matin prise de la météo, NNE 4 à 5 fraichissant E 5 à 6, pas terrible pour faire le trajet Palavas les Saintes... Rapidement nous décidons de changer de destination car se faire « branler » 6 heures cela ne nous réjouis pas. Allez ! On va à Sète, repas le soir dans un bon resto de viande et c’est tout bon, même si le retour sera avec du vent dans le nez mais c’est 2 à 3 heures et en plus les prévisions sont à la baisse pour samedi. Petit coup de téléphone à la capitainerie de Sète pour s’assurer d’avoir de la place. Pas de soucis. Je rappelle également celle de Port Gardian auprès de qui j’avais annoncé notre venue pour le soir et je trouve normal de la prévenir de notre désistement. Entre temps coup de téléphone d’une collègue de boulot (en congé) : « Alors qu’est que vous faites ? Ah Sète ? Bon alors je peux venir ? Mais oui plus on est de fous moins y a de riz. Entre temps, encore un copain arrive (celui qui a le même bateau que moi mais plus récent en cockpit arrière). Même échange de dialogue : « Ok je prends mon bateau et je viens avec vous. Allez bientôt on va faire un rallye...

PHILIPPE et son JOUET 32 L

melody GERARD et son MELODY

fandango GILLES et son FANDANGO

Du coup on n’est pas trop pressé et on casse la croûte sur le bateau au soleil, le vent souffle bien avec quelques rafales mais comme on l’aura au portant on ne s’inquiète pas. Il est 14h lorsque tout le monde se bouge, GG et son mélody, Philippe avec son Jouet 32, Caro et ma pomme son mon Fandango. Dès la sortie du port le vent est bien là entre 15 et 20 nœuds. On déroule du génois pas complètement et çà avance bien. Il ne fait pas très chaud mais au soleil c’est agréable. Le mélody comme d’habitude prend de l’avance (bon bateau et en plus carène propre), moi je me colle à la côte pour visiter et Philippe nous suit. Tout va bien.

Le jouet semble avoir quelques soucis car il fait pas mal de virement et d’empannages, on ne comprend pas trop ce qu’il fait, VHF, rien, GSM, rien …. Bizarre. Enfin il m’appelle et m’explique que tout va bien ou presque, qu’il s’entrainait à prendre des ris par vent soutenu. Je lui fais tout de même la remarque que lorsque l’on navigue à plusieurs on prévient les copains avant de faire des arabesques…. Rien n’est grave.

La côte défile rapidement, La cathédrale de Maguelonne, la plage des Aresquiers avec son pont (amer remarquable). Le mélody revient sur nous au moteur, GG nous explique qu’il n’y avait plus de vent où il se trouvait et c’est plus sympa d’être ensemble. C’est vrai le vent tombe un peu et change de direction nous obligeant à empanner. On aurait dû sentir, quelque chose mais il fait beau….

Cela ne dure pas, en l’espace d’un quart d’heure, nous sommes devant Frontignan et le vent rentre de SE, 20 nœuds, puis 25 puis 30 avec des rafales à 35. La mer, bien sur, se lève vite d’autant plus que nous sommes au bord du plateau de Sète. J’enroule, comme je peux, encore plus de génois et je le laisse travailler un peu en drapeau. Une vague plus rosse que les autres nous mouille copieusement, encore ¾ heure à peine à tenir, nous longeons la grande digue pour entrer dans le port par la passe Ouest. Il faut l’autorisation du port de commerce (canal 12) pour emprunter la passe Est, d’autant plus qu’un « gros » bateau y est en train de manœuvrer. GG laisse, comme nous un petit bout de toile, tandis que Philippe est sous trois ris et se bat avec son enrouleur qui est cassé (le tambour est désolidarisé).

vague L'ENTREE OUEST DU PORT

A vue de l’entrée du port je mets en route le moteur, puis je roule le génois en empâtant sur le winch mais tout est enroulé. Je préviens la capitainerie de notre arrivée, toujours la même voix très charmante qui nous confirme qu’il y a des places au quai des visiteurs. Petit virage à droite, mer de travers, moteur avant toute et hop nous passons entre les rochers. Le vent est toujours présent mais la mer est plate.

Pour ceux qui ne connaissent pas le port de Sète, c’est très grand, entre les ports de commerces à l’Est, les ports de pêches dans la ville, plusieurs bassins, bref on a de la place pour voir venir et surtout pour préparer le bateau, pare-battage, bouts etc. Le port de plaisance est juste sur la gauche après un phare rouge sous le grand môle. Au premier ponton, j’aperçois GG qui s’est mis entre deux bateaux et en plus il me semble reconnaître une silhouette bien connue, et oui il y a pascal11 qui nous accueille avec d’autres personnes. C’est toujours plus facile lorsqu’ il y a un comité pour vous recevoir.

Pascal à force de grand signe me dirige sur la première place en bout de ponton, OK j’ai compris, je mets les deux gros pare-battages à bâbords, prépare un grand bout à l’avant et je commence mon approche. Il faut que je vire large mais il n’y a pas trop de place afin de venir « mourir » sur le quai. Première tentative je suis trop en travers et le vent me fait ressortir : on largue tout je recommence, (j’apprendrais après que GG avait essayé deux fois pour prendre cette place, sans y parvenir). Là, je me prends encore plus large et surtout une personne monte sur le bateau vers lequel je me dirige afin d’attraper un bout pour maintenir l’arrière dans la place. C’est la bonne tentative, l’avant est amarré au quai, on me passe une pendille (merci les gars la vase et les moules avec …) tout est amarré. Philippe arrive enfin il entre en marche arrière entre deux bateaux, superbe manœuvre.

Tout le monde est là, merci encore à Pascal et aux autres. Il y a un Pogo 8.5m des Glénans et moi à côté d’un mini 6.5 proto. Une fois que les bateaux sont bien en ordre on décide d’aller à la capitainerie. Pas besoin c’est la capitainerie qui vient à nous. Le visage est tout aussi charmant que la voix, les actes de francisation sont échangés contre les clés et rendez vous pris pour demain matin. La vie est belle, on peut attaquer l’apéro.

On démarre chez moi mais le frais arrive vite et l’on se retrouve dans le carré du mélody et son chauffage. On ne bois pas trop car il faut aller au resto et c’est de l’autre coté du port … à pied …. On discute du vent, les anémomètres ont enregistré F8. Vers 19h30, on décolle. Je descends le premier du mélody, amarré nez au quai. C’est un peu haut mais bon, j’approche le bateau afin de faciliter la descente de Caro et nous nous dirigeons vers la sortie. Pascal est encore là et nous échangeons deux trois déconnades comme d’habitude et tout d’un coup un grand cri « très dur », je me retourne et j’ai juste le temps de voir Philippe en train de s’étaler sur le ponton et de ne plus bouger …. Malgré les quelques kilos en trop je me précipite vers le copain qui est recroquevillé sur le ponton, inerte, les yeux fixes grands ouverts, pas une parole ….. A coup de grandes claques, il revient à lui, je comprends qu’il s’est pris le côté droit, certainement les côtes …. Tout va très vite, GG et Caro vont chercher une couverture, Pascal appelle les pompiers et moi je fais ce que je peux pour garder le contact avec Philippe. Il va mieux mais ne peux à peine bouger, il tente de se lever mais retombe tout de suite. Pour l’instant il ne craint rien on l’a mis au milieu du ponton, il n’a pas froid même si les deux pieds sont mouillés. L’ambulance arrive, transport sur brancard et direction l’hôpital de Sète.

Ouah ! Quel bordel …. Cela ne nous empêche pas d’avoir faim …. Direction de «Lou Biou » vers le quai d’Alger.

Petit resto typique, spécialité viande et surtout du bœuf. L’entrée de la salle met tout de suite dans l’ambiance, à droite le grill de bonne taille, frigo ensuite les armoires frigo avec les quartiers de viande …et le patron qui vous accueille. A sa corpulence on a de suite compris que ce sera forcément bon et que l’on regardera à deux fois pour les critiques …. On se met juste à une table devant les frigos … comme cela on peut choisir et bien évidemment on prend deux côtes de bœufs à la santé de Philippe …. Plus des brochettes pour Caro. Tout se passe bien, la viande est excellente, et les pichets de rouge corrects. Vers 22h30 Philippe nous appelle, plus de peur que de mal mais une côte fêlée, il attend un taxi et il nous rejoint. Le patron nous confirme qu’il peut encore manger. cote A ce propos on lui demande de lui ramener les os des côtes dans une assiette, il pourrait en avoir besoin. Philippe nous explique ce qui s’est passé : voulant descendre du bateau, il se met dos du quai, et il a voulu sauter, mais il est tombé entre le quai et …l’ancre l’a retenu sur le cotes….

La soirée se termine tranquillement. Nous sommes tous rentrés à pied pas très rapides mais çà va, un dernier coup de rhum sur le bateau de Philippe et tous au dodo.

La nuit a été longue car, mis à part le froid malgré le chauffage, le moindre souffle, la moindre vaguelette, font bouger la bateau et donner de tels à coups que tu as l’impression que les taquets vont s’arracher. Samedi matin, le coq de Sète se réveille vers ….7h30, café …. Je vais voir GG mais le bateau est vide, téléphone, il est déjà chez Philippe. On se retrouve tous pour le petit déjeuner. Personne n’a bien dormi …. Je vous passe les détails de tous les réveils, toilettes, douches … gueule dans le pâté…. Brève visite à la capitainerie pour payer (14€ pour des 10 mètres) et nous voilà presque sur le retour. Caro repart avec Philippe pour au moins tenir la barre et en principe c’est du moteur tout le long.

Ah oui j’oublie le départ du proto…. Un 6,5 proto, par principe, cela n’a pas de moteur … en le sachant, je me serai mis à la première place du ponton mais à cette place j’y suis maintenant… et lui, il faut le déhaler pour sortir avec, bien sur, le vent de travers. A la main on le fait glisser le long du pendruig (je ne risque pas grand chose) puis on essaie de le faire passer de l’autre bord mais en vain, je décide de larguer mes pendilles, en souhaitant le faire passer. Tout le monde est de travers mais on arrive tout de même à faire passer le proto …. mais …… il emmène la pendille avec lui, coincée dans le bulbe de la quille (à ce propos je pense que les archi thèques devraient réfléchir à faire des bulbes sans profilé vers l’avant …. comme cela, dans le cas d’une prise de bout, ce dernier pourrait « glisser »). On se retrouve, pendruig, de nouveau amarré avec une des deux pendilles, le proto qui a passé le bout du ponton, à couple du pogo des glénans, mais avec la pendille entourée à sa quille...

Un des animateurs des glénans suggère de détacher la pendille du quai, d’y accrocher un long bout avec une bouée. Ensuite, ils ont tourné autour du proto et tout s’est libéré. Ils ont sauvé, le proto et la pendille…

Enfin libre, le proto s’est désaccouplé du pogo et un petit coup de « foc » et le voilà à 10 nœuds dans le port (j’exagère un peu ).

Cela va vite tout de même, le skipper faisait ses qualifcations en vue d’une mini transat et c’étaient les premiers ronds dans l’eau du bateau.

Bon maintenant à nous, le vent est bien tombé, les moteurs ronflent, et c’est parti pour 2 grosses heures de nav. Philippe part en tête, puis ma pomme et en final GG.

La sortie du port, un reste de houle, 2200 tours et patience. retour

Vers la passe Est il y a des gros plots d’amarrages pour les pétroliers, et un genre de remorqueur qui se trouve à côté. GG, en tête, passe entre les plots et le remorqueur mais au dernier moment, coups de sifflets et des grands gestes de la part des personnes à bord, nous faisant signe de passer au large des plots vers la cote. Ok on a compris on fait le détour. Ensuite on se colle à la plage (3,50 m de fond) même que GG est passé à 2,5 au large du port de Frontignan … et voilà on se retrouve tous à Palavas pour le dernier casse croûte du WE et chacun repars avec dans la tête plein de souvenirs.

Juste une toute petite conclusion que Philippe a compris, (je laisse de côté, l’accident qui peut arriver à tout le monde), mais une sortie n’est jamais une petite sortie ….. et le bateau doit être au mieux. Si on part avec des ennuis, souvent cela s’aggrave ensuite. On part avec force 5 annoncé, nous, GG et moi, les bateaux sont prêts, lui, montage du pilote qui ne tient pas, enrouleur de génois cassé, etc. Il est dur mais il ne faut jamais jouer avec les éléments naturels, ils te rappelleront toujours à l’ordre.

Sinon, super week-end, il se passe toujours quelque chose …. en bateau.

Il fait beau, c’est le printemps et la vie est belle.

remerciements aux copains de Sète, et à Caroline pour les photos