C’est décidé cette année je fais une virée en Corse toujours avec mon copain Gérard et son mélody «Le Vagabond ».

melody.JPG

Etant libéré de l’obligation de pointer tous les matins, GG part quelques jours avant moi et nous nous donnons rendez-vous vers Port Cros afin de traverser de concert.

Le bateau semble prêt, le marin aussi, le mercredi 30 avril je quitte Palavas vers 18h. Cap 110°. Un autre bateau ami m’escorte durant quelques minutes cela fait toujours plaisir de voir des copains.

Un bon vent de Sud Ouest nous dĂ©hale Ă  6 nds, la mer est belle, tout va bien. La pointe de l’Espiguette est laissĂ©e Ă  bâbord, je me mets vers une ligne de fond de 20m afin d’éviter tous les filets. Mon cap est rĂ©glĂ© sur le phare du Plannier. Cela me fait passer bien au large de la sortie du RhĂ´ne. La nuit tombe vers 21h il ne fait pas chaud et ma vieille combi en polaire, plus le cirĂ© et la veste de quart sont les bien venus. Le moteur remplace assez vite le vent et c’est Ă  bonne allure que je vais passer cette première nuit. Comme toujours en bateau il y a forcĂ©ment quelque chose qui ne marche pas et bien lĂ  c’est la batterie de service (170A) qui est morte et ne tient plus le pilote au bout de 4 heures. C’est ballot mĂŞme avec un bon vent de grand largue je suis obligĂ© de mettre le moteur. Enfin rien de grave celle du moteur est bonne ….. Au passage j’essaie mon dĂ©tecteur radar « Mer Veille », c’est bien çà fonctionne, je dois avouer que c’est presque trop bien et les bateaux sont « vus Â» de très loin. La visibilitĂ© est très bonne et je ne l’allume pas en continu. Contact tĂ©lĂ©phonique avec « Le Vagabond », il est au port de Port Cros. Quelques soucis d’informatique qu’il finira par rĂ©soudre et tout va bien aussi chez lui. Il est prĂ©vu de se retrouver au large des Ă®les d’Hyères. Il est midi lorsque je suis au niveau du phare de Porquerolles. 18 heures pour venir de Palavas c’est bien. Nous sommes maintenant en liaison VHF mais pas en visu et le vent est bon genre Force 4 de Sud Ouest et cela dĂ©pote vite j’enregistre une pointe Ă  7,8 nds au loch, toujours voiles et moteur. Après vĂ©rification de nos positions « Le Vagabond Â» se trouve Ă  8 miles devant moi. Je vais mettre près de 6 heures pour le rattraper alors qu’il n’a qu’un bout de gĂ©nois. Enfin avec la complicitĂ© de cargos qu’il a Ă©tĂ© obligĂ© de laisser passer on se retrouve en direct. Le vent finit par tomber et le moteur prend le relais. Belle nuit, pas de lune mais de splendides Ă©toiles. Deux autres bateaux nous accompagnent, on se sent moins seul. Ma deuxième nuit se fait ressentir et je dors tranquillement par petit bout bien protĂ©gĂ© de la capote. Un petit croissant de lune apparaĂ®t tandis que les cĂ´tes de la Corse se dessinent Ă  l’horizon. Grand calme du matin il y a cinq voiliers dehors malgrĂ© l’heure matinale (6h) et enfin vers 10h nous arrivons dans le port de Cargèse. Deux places cĂ´te Ă  cĂ´te entre deux barques de pĂŞche, et la vie est belle. On sent dĂ©jĂ  le goĂ»t de la Pietra. J’aurai mis 40 heures pour cette traversĂ©e belle moyenne mais le moteur m’a beaucoup aidĂ©.

cargèse



Direction le bar le plus proche et deux tournĂ©es de bières fraĂ®ches, un petit casse-croĂ»te au bateau vite fait, une sieste rĂ©paratrice et tout est super, les vacances commencent. Le soir nous mangeons au restaurant « Le cabanon de Charlotte », ce sont des amis de GG.. Une bonne nuit de repos, une ballade au village pour l’avitaillement de frais, la journĂ©e passe vite. Pour ceux qui connaissent on a failli faire la descente au port en roller mais on n’a pas osĂ© ……. De plus Ă  cette pĂ©riode de l’annĂ©e la nature est superbe verte et fleurie, les figuiers de barbarie sont très accueillants !!!!

figuier.JPG

On profite du port pour faire le plein de GO. (très cher mais c’est le prix). A propos de prix le port est à 18€ pour un moins de 10 m et 21€ pour plus de 10 m, plus la douche à 2 € et la cerise sur le gâteau, le wifi est gratuit sur le port.



DĂ©part le 4 pour le mouillage de Campomoro dans la baie de Valinco, on passe par la petite passe des Sanguinaires, le vent n’est pas du voyage, moteur et encore moteur. ArrivĂ©e vers 15h au mouillage. Il n’y a que deux autres voiliers le rĂŞve surtout lorsqu’on connaĂ®t ce coin en Ă©tĂ© …. Prenant notre courage Ă  deux pieds on monte jusqu’à la tour gĂ©noise, (la tour est maintenant fermĂ©e et rĂ©servĂ©e Ă  une exposition payante bien entendue) ce n’est pas grave la ballade vaut le coup pour la vue sur la baie. Nuit tranquille, pour une dĂ©part vers Bonifacio. Et c’est reparti, moteur au dĂ©but, puis un bon vent d’ouest nous propulse vers le groupe d’îlots « Les moines ». A l’aide des cartographies informatiques on passe entre les Ă©cueils de ces pièges Ă  navigateurs. ArrivĂ©e dans les bouches par vent arrière on serait presque obligĂ© de freiner. Tout le bateau est prĂŞt pour le port. Nos diffĂ©rents appels Ă  la VHF sont vains, il est 14 heures. On fait un petit tour de reconnaissance et puis c’est dĂ©cidĂ© il y a de la place sur une panne vers les cafĂ©s. Appontement, comme d’habitude, parfait, en marche avant, les deux bateaux sont ensembles.

bonifacio

La visite à la capitainerie se passe bien 19€ pour mon PenDruig, on achète une prise de quai chez le ship du coin, j’ai encore oublié la mienne dans mon garage, là-bas elle est utile …. Les prévisions météos ne sont pas très bonnes pour demain, donc on reste deux nuits, on verra cela après. Et puis je change ma batterie et je ne l’aurais que demain. Chose dite chose faite, j’ai acheté une batterie de 90A et déposé ma vieille de 170A. J’en profite également pour refaire un peu de câblage électrique. La météo annonce toujours de l’Est pour demain mais aussi pour les jours suivants. Ceci n’est pas encourageant pour notre virée vers Porto-Vecchio.

Mercredi 7 nous dĂ©collons du ponton vers 7h30. Le vent semble tombĂ© dans le port. Moteur direction les Lavezzi, dehors ce n’est pas la mĂŞme chanson. Il y a un bon force 4 voir 5 venant dans le nez. Je voulais montrer la passe entre les cailloux Ă  GĂ©rard mais j’y renonce, si on a le moindre pĂ©pin on va dans les rochers. On dĂ©cide au dĂ©but de faire le tour des Ă®les. Le vent et la mer montent progressivement. Les prĂ©visions mĂ©tĂ©os confirment le courant d’Est durant deux jours. Si on doit se faire « branler Â» juste pour aller Ă  Porto-Vecchio sans pouvoir s’arrĂŞter ni Ă  Rondinara ni Ă  Santa Manza, je pense que cela ne vaut pas le dĂ©placement. Après discussion VHF avec GG, c’est dĂ©cidĂ© on fait demi-tour et on retourne vers le golfe de Propriano. C’est le bon choix et le confort Ă  bord s’amĂ©liore, dès que le demi tour fini le bateau file Ă  7 nds avec juste un bout de gĂ©nois. La mer se calme dès la sortie des bouches et la remontĂ©e vers «Les moines Â» est super. Pas de regret. En chemin quelques dauphins mais pas très coopĂ©rants et puis une belle attaque de thons avec leur saut en prime. Je rassure tout le monde je ne pĂŞche rien. Vers 15H30 nous jetons l’ancre dans la petite baie de Porto Polo juste devant le tout petit port. Nous sommes les seuls bateaux.

Jeudi 8 mai, c’est fĂ©riĂ© …. Et nous on navigue tranquillement vers Cargèse. Toujours voile et moteur, on laisse Ă  tribord les Sanguinaires et l’étrave du PenDruig entre dans le port vers 15h. Bien sur comme d’habitude, le vent se lève juste pour nous « aider Â» dans les manĹ“uvres. Il y a de la place, premier appontement Ă  la mĂŞme place que l’autre jour mais la barque de pĂŞche est toujours en vrac et en travers et en plus elle utilise « ma Â» pendille. Le vagabond se range gentiment et du coup je ressors afin de me mettre Ă  cĂ´tĂ© de lui enfin Ă  un bateau près. CĂ  y est tout le monde est accrochĂ© on peut enfin se diriger vers la taverne pour une bonne Pietra mĂ©ritĂ©e. La capitainerie est fermĂ©e (fĂ©riĂ©) on aura droit Ă  la douche demain matin.

J’avais envisagé de traversée mais les prévisions ne sont pas très bonne avec de l’Est force 6 sur le continent avec de la pluie. Je reporte mon départ et je partirai certainement lundi ou mardi.

Vendredi, journée peinarde à Cargèse, rencontre avec un jeune couple voyageant avec leurs deux enfants. Ils n’ont pas eu de chance car en sortant de Cargèse et virant la pointe pour aller vers Capo Rosso ils ont tapés sur un caillou. Plus de peur que de mal mais du coup ils sont revenus au port. Apéro le soir sur mon bateau, le moral est remonté.

Samedi 10 mai, la météo est bonne et on va vers le mouillage de Girolata. Passage au ras du Capo Rosso et les calanques de Piana (entre nous nettement moins impressionnantes que celles de Marseille ou de Cassis), on coupe le golfe de Porto afin de rejoindre Girolata. Bien sur le vent se lève un peu toujours quand on entre dans un port.

cap rosso

Ce mouillage, je le connais, enfin je le connaissais, maintenant il y a deux bouĂ©es marquant l’entrĂ©e de la zone, puis pleins de bouĂ©es blanches …. Il est oĂą le mouillage ? Enfin on peut toujours jeter l’ancre Ă  l’extĂ©rieur. Les corps-morts sont doubles, un devant et un derrière. On ne bouge plus. Il y a environ 25 places. Heureusement un zodiac, enfin un monsieur dans le zodiac, vient nous placer, les deux bateaux sont accrochĂ©s cĂ´te Ă  cĂ´te. Tout va bien. Il doit avoir une dizaine de bateaux, c’est bien. Petite balade Ă  terre, avec rencontre d’autochtone, jeune homme avec Ă  l’épaule non pas un fusil de chasse mais carrĂ©ment la carabine pour Ă©lĂ©phant …. A la sortie des maisons sur le chemin Mar et Monti, les restes d’un sanglier sèchent au soleil. C’est sympa et accueillant comme petit hameau. La Pietra s’impose mais sans abus, on paye le transport …. Il faut dire que le village est Ă  4 heures de marche Ă  pied de la première route. Le principal moyen de transport reste le bateau en liaison avec Porto.

girolata.JPG

Je commence de plus en plus à regarder la météo, pas simple, gros courant d’Est, une légère accalmie la nuit prochaine, nuit de dimanche à lundi, puis cela repart avec du 6 sur la Provence ….. Je vais voir cela demain. Dimanche 11 mai, météo confirmant cette accalmie, petite virée à la capitainerie où il y a Internet, visite de sites italiens de prévisions sur 3 jours, c’est décidé je pars maintenant laissant GG. Vers 9h30, les bouées sont lâchées, cap à l’Ouest enfin au 290°, moteur comme toujours. Quelques contacts avec le Melody qui se dirige vers Calvi puis silence radio, je suis à 35 miles de la Corse. Toujours pas de vent d’Est. En fait j’aurai attendu toute la nuit ce courant d’Est et j’ai eu plutôt de l’Ouest. Cela se traduit par 20 heures de moteur avant de revoir le continent. Le détecteur de radar fonctionne très bien et me prévient presque trop tôt de la présence d’un bateau. Il y en a même un qui a dû me suivre durant toute la traversée sans jamais me rattraper. Je le ne l’ai jamais vu !!!

Lundi 12 mai (Pentecôte). Au levé du jour les îles d’Hyères sont là, le Sicié est avalé comme une fusée, toujours pas de vent. Au large des calanques j’arrive à avoir une liaison avec un autre bateau de Palavas (Carambar), ils sont au Frioul et vont aux Saintes Maries de la Mer. C’est tout vu on se retrouve là-bas. Je navigue beaucoup plus large qu’eux et ce n’est que vers Faraman que le contact s’établit. C’est super de retrouver des amis en mer, il y a quelque chose de magique. Le premier arrivé au port prépare l’apéro. Je fonce tout Yanmar dehors. Arrivée à Port Gardian vers 19h30, appontement, la fatigue se fait sentir. Carambar arrive peu après, ils ont une excuse de près de 500 g avec écailles. Il est pas frais mon maquereau Il était très bon le soir même. Dire que je me suis endormi difficilement serait mentir, je devais dormir avant de toucher l’oreiller. Demain levé 6h (avant le port) et retour à Palavas.



Mardi 13 mai 6h30 départ pour la dernière étape de 20 miles environ, pas de vent, moteur pour changer un peu. Tout doit être simple mais la réalité en est autrement. Vers 8h le moteur donne des signes de faiblesse et finit par s’arrêter. Avec le peu de vent je continue. A l’évidence c’est la panne sèche. J’aurai dû remettre la réserve de G.O., mais cela est trop tard. Je n’arrive pas à réamorcer, une prise d’air à dû se faire lors du désamorçage. Pas trop de soucis, il fait beau le vent se lève un peu dans le nez mais surtout Carambar est derrière moi et, prévenu, se dirige sur moi. Je file à 6 nds vers Sète, je vire de bords vers La Grande Motte, puis de nouveau revirement vers Palavas. Vers 13h plus de vent, la mer lisse me balade au grès d’un vieux restant de houle. Je n’ai plus qu’à attendre mon remorqueur. J’ai l’habitude et puis entre nous au prix du carburant ….. Une heure se passe à me faire bronzer et l’étrave de Carambar se profile non loin de moi. Pris en remorque nous regagnons Palavas à 4 nds. La mer est toujours aussi plate et c’est bien pratique dans ce cas là.

A 15h30 c’est fini PenDruig est à sa place, merci aux copains, je range rapidement le bateau et direction la maison pour une bonne douche.

A une prochaine fois ! Conclusions techniques : Suite Ă  la panne sèche dĂ» Ă  une sous estimation de consommation, 2,3 litres au lieu de 2l, cela Ă  engendrer une suite de problèmes. La poire de gavage ne fonctionne plus (poubelle), le dĂ©canteur prĂ©sente une fuite d’air. Son remplacement est programmĂ©. J’en ai profitĂ© pour sortir le rĂ©servoir (90l), installer le retour de G.O. directement sur le rĂ©servoir, faire la vidange avec changement des filtres (Huile et G.O.). Tout est maintenant correct. On peut repartir. Le voyage Ă  deux bateaux est vraiment une grande sĂ©curitĂ©. Encore merci.